Au mépris des droits du Parlement et de la volonté des peuples, la Commission européenne, l’Eurogroupe et la BCE ont proposés, mercredi soir, de placer la mise sous tutelle économique des seize pays de la zone euro.
Le président de la Commission, José Manuel Barroso, se garde bien de parler de « gouvernement économique ». Il a d’ailleurs raison, car le terme exact serait plutôt « dictature économique ». Le projet a le mérite d’être clair : à brève échéance, les budgets des pays de la zone euro seront entièrement contrôlés et décidés par un « triumvirat », composé de la Commission européenne, de la Banque Centrale Européenne et de l’Eurogroupe. Le Parlement de Strasbourg sera totalement écarté des décisions, même à titre consultatif. Les pays récalcitrants se verront amender par Bruxelles, et leurs droits de vote seront suspendus.
C’est bien sûr la crise grecque et les attaques en cours contre le Portugal et l’Espagne qui servent de prétexte à cette abolition pure et simple de la démocratie européenne, préparée de longue date (1) et que la récente ratification du Traité de Lisbonne (2) permet de mettre en oeuvre aujourd’hui.
Barroso tombe le masque : l’Europe aura un régime policier
« Les États membres doivent avoir le courage de dire s’ils veulent une union économique ou pas », a prévenu mercredi José Manuel Barroso, dans un discours d’une brutalité insensée. « S’ils ne veulent pas d’une union économique, alors il faut oublier l’union monétaire. Nous devons nous attaquer aux racines du problème : le renforcement de la coordination des politiques économique ». Le message est limpide : qui n’est pas avec nous est contre nous. C’est donc bien un régime policier qui est en train de se mettre en place. La crise actuelle est utilisée pour constitutionnaliser le libéralisme, ce qu’aucune résolution démocratique n’aurait concédé, et la souveraineté des nations et des peuples est, de fait, morte et enterrée.
L’Allemagne, qui, comme nous l’avons indiqué à plusieurs reprises (3), dans un jeu de poker menteur, avait laissé entendre qu’elle était attachée aux souverainetés nationales – une stratégie qui n’avait pour seul objectif d’imposer son diktat – a finalement retrouvé ses penchants impérialistes naturels. La chancelière allemande, Angela Merkel, a parlé d’un « pas important dans la bonne direction », même si « cela signifie que les droits du Parlement soient quelque peu remis en cause ». Quelque peu ? Il faut se pincer pour le croire.
La France fait presque pire, par la voix de son secrétaire d’État aux Affaire européennes, Pierre Lellouche, qui a déclaré : « C’est la contrepartie du plan européen de sauvetage. La discipline de chacun devient l’affaire de tous. Bruxelles aura le droit de surveiller tous les comptes ».
D’autres collabos mondialistes se sont empressés de soutenir le projet, tel Pierre Moscovici, député socialiste et ex-ministre des Affaires européennes, pour qui « la commission semble enfin se réveiller. C’est une idée juste ».
Même son de cloche de la part du vendu Daniel Cohn-Bendit, eurodéputé d’Europe-Ecologie, qui affirme, sans en avoir honte, « que l’UE décide [des budgets] ne me choque pas ».
Que faire ?
La stabilitätkultur allemande semble donc avoir gagné la partie, au moins provisoirement. Néanmoins, la bataille ne fait que commencer. La proposition du « triumvirat » ne manquera de provoquer de furieux débats dans les États membres. En Espagne, au Portugal et en Italie, la contestation s’organise.
A l’heure où nous terminons la rédaction de cet article, nous apprenons qu’une bombe vient d’exploser à Athènes devant la prison de haute sécurité de Korydallos, où sont notamment incarcérés des membres de l’organisation 17-Novembre.
Rarement, à l’échelle d’un continent, les temps n’ont été aussi pré-révolutionnaires.
Plus que jamais, nous devons garder à l’esprit ce fait d’expérience que l’action de quelques individus, ou de groupes humains très restreints, peut, avec un peu de chance, de rigueur, de volonté, avoir des conséquences incalculables.
source : http://www.mecanopolis.org/
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