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En politique, rien n’arrive par hasard. Chaque fois qu’un événement survient, on peut être certain qu’il avait été prévu pour se dérouler ainsi : ROOSEVELT (Franklin Delano)

mercredi 17 août 2011

50ème anniversaire du mur de Berlin

50ème anniversaire du mur de Berlin :
une analyse plus approfondie
au-delà de la propagande officielle,
par le correspondant du Morning Star à Berlin

Cette année, la chaîne publique Berlinoise nous a bourré le crâne chaque jour déjà un mois avant l’anniversaire du mur de Berlin. Chaque soir, depuis fin juillet, elle livrait une interview avec quelqu’un, à peu près n’importe qui, qui pouvait nous raconter une histoire émouvante sur le Mur. Chaque jour, on nous montrait les bonnes vieilles et familières photos d’évasions, des images de ruines du mur et une pléthore de cérémonies.
Ai-je l’air cynique ? Le mur de Berlin était un édifice tragique, un grand nombre de personnes en ont souffert et beaucoup sont morts en rapport avec son existence. Chaque décès était une perte amère. Il est impossible d’enjoliver sa mémoire, comme n’importe qui a vécu tout près de lui peut en offrir un témoignage poignant.
Pour quiconque qui pousse l’analyse plus loin, cependant, certaines questions appellent encore des réponses. Pourquoi a-t-il été construit ? Et pourquoi, après tant d’années, est-il de façon si peu commune mis encore sous le feu des projecteurs ? La presse ici a très largement oublié les tragédies liées à l’époque Nazie dans les quelques années qui ont suivi 1945.
Le mur a été construit en désespoir de cause, la seule méthode que les dirigeants est-allemands pouvaient trouver pour arrêter l’hémorragie de la population de l’Est vers l’Ouest. Je trouve plusieurs explications principales à cette hécatombe dramatique.
Premièrement, la quasi totalité de ceux qui dans le tiers-est de l’Allemagne étaient impliqués dans les crimes de guerre ou les autres brutalités Nazie, estimant avec raison qu’ils seraient bien plus en sécurité sous la coupe occidentale que sous celle Soviétique, ont décampé aussi vite que possible. Voilà ce que firent ceux qui mus par la haine la plus forte et la plus profonde envers les Communistes et les Russes, qui a été attisée avec tant de force par Hitler et sa bande, les hommes les plus mouillés dans le massacre systématique des Communistes et des Russes. Par bien des aspects, l’Allemagne de l’Est a eu la chance de perdre ces gens, mais ils ne comptaient pas que des troupes d’assaut et des agents de la Gestapo mais aussi une forte part de techniciens, managers et spécialistes de toute sorte.
Deuxièmement, l’économie est-allemande ravagée par la guerre était désavantagée dès le départ. Elle était depuis longtemps une région économiquement plus faible ; même où il existait une industrie, elle était largement dépendante des matières premières issues des régions cédées à la Pologne ou des sources ouest-allemandes de fer, de charbon et d’autres matières premières. Plus important encore, les puissances victorieuses avaient convenu que l’Allemagne de l’Ouest devrait payer des réparations aux pays occidentaux, l’Allemagne de l’Est à l’Union soviétique et à la Pologne. Mais les pays occidentaux plus riches avaient subi des dégâts beaucoup moins importants. Le paiement des réparations cessa bien vite alors que les États-Unis, qui n’avaient subi aucun dégât, utilisait sa puissante économie pour accroître rapidement ses investissements dans le cadre du plan Marshall, contribuant à réaliser ce que l’on connaît comme le « miracle économique » ouest-allemand.
L’Allemagne de l’est, de son côté (et après 1949 la République démocratie allemande, ou RDA), ne pouvait pas être exemptée des réparations à la Pologne et à l’Union soviétique dont les économies, moins développées avant la guerre et détruites de façon inimaginable par les Nazis, avaient besoin désespérément des machines Allemandes et d’autres produits. Donc, pendant huit années capitales, l’Allemagne de l’Est eut à supporter le poids de plus de 90% des réparations.
La RDA a été contrainte de relever la tête par ses propres moyens – et c’est exactement ce qu’elle fit, comme des économistes impartiaux l’ont souligné. Elle a rapidement atteint les niveaux d’avant-guerre, industrialisé des régions arriérées figées dans l’ère féodale, mis en place de nouvelles industries et donné la terre aux pauvres paysans et à ceux venant des provinces de l’Est perdues.
En 40 années d’existence, elle a été capable d’offrir le plein emploi, une couverture médicale et une éducation de la petite enfance au doctorat complètement gratuites, des crèches gratuites et des progrès importants vers la réalisation du difficile objectif de l’égalité pour les femmes, avec le planning familial et l’avortement légal. Elle a grandement réduit l’écart entre riches et pauvres et a presque éliminé totalement la pauvreté. Pour moi, de telles réalisations, extraordinaires si on les analyse depuis notre perspective actuelle, ont représenté une expérience marquante dans la voie vers le socialisme.
Mais en dépit de ces réalisations, nombreux furent ceux qui tentèrent de partir ! Et quand leur nombre ne cessa de croître, ce Mur terrible fut construit.
Fondamentalement, c’était un cercle vicieux. Berlin-Ouest était aidé à coup de milliards afin d’impressionner et de gagner les citoyens de RDA. Une propagande extrêmement efficace, reposant sur tous les biens de la culture consumériste Américaine, élaborée à partir des procédés très subtiles de l’industrie publicitaire, était articulée à d’innombrables encouragements à l’émigration, visant en particulier une nouvelle génération d’experts est-allemands tout juste formés.
Ma femme, travaillant dans un hôpital, connaissait un jeune spécialiste Ouest-Berlinois qui parlait régulièrement aux docteurs et les encourageait à « fuir à l’Ouest ». Former un docteur en RDA signifiait investir jusqu’à un demi-million de marks ; de telles pertes ont provoqué des trous, douloureux économiquement et parfois aussi de façon très littérale.
Les médias occidentaux en appelaient constamment aux sentiments nationaux allemands : « Nous ne sommes qu’un peuple, frères et sœurs ! » Mais chaque tentative orientale tendant vers une sorte d’unification neutraliste ou au moins de confédération a été repoussée, en réalité ignorée. La stratégie était « Tout ou rien ». C’est seulement après que l’Allemagne de l’Ouest a mis sur pied une nouvelle armée intégrée à l’OTAN que la RDA a abandonné ses efforts.
C’est là qu’opère le cercle vicieux. Le parti et les autorités gouvernementales de RDA ne pourraient jamais trouver les antidotes adéquats à l’attraction magnétique croissante pour les biens de consommation occidentaux et la culture Américanisée et l’exode de docteurs bien formés, d’ingénieurs et d’artisans qualifiés. Il y avait des efforts louables : le meilleur de l’opéra, de la danse, des théâtres magnifiques, des activités culturelles et sportives pour tous les âges et tous les goûts.
Mais les dirigeants étaient héritiers de leur propre éducation politique, en grande partie forgée dans les actions politiques anti-Nazies des années 1920, 1930 et 1940. Menacés par les conséquences de l’offensive occidentale, ils ont ressenti la nécessité de prendre des mesures énergiques.
Presque tous les pays sévissent contre l’opposition qu’ils considèrent menaçante. Les États-Unis actuels en offrent suffisamment d’exemples. Mais en RDA, en partie en raison de la proximité d’une menace qui n’offrait aucune barrière protectrice naturelle, en partie aussi à cause des conceptions bornées de dirigeants vieillissants se concevant comme omniscients et infaillibles – et l’existence de couches opportunistes et carriéristes renforça ces conceptions – leur « répression » fit plus de mal que de bien.
En conséquence, le flux qui n’avait rien d’extraordinaire de personnes vers une économie perçue comme plus prospère s’était renforcé de ceux qui ne pouvaient pas accepter les pressions d’une direction de plus en plus coupée de sa population. Constatant que l’Église luthérienne ouest-allemande aidait souvent les dissidents de RDA, le gouvernement a souvent pris des mesures répressives contre des membres et des dirigeants de l’Église présentés comme fauteurs de troubles, tandis qu’il finançait dans le même temps l’Église de bien des façons.
Tout en soutenant avec libéralité les arts, le théâtre et le cinéma, elle était souvent méfiante envers ce qu’elle voyait comme une opposition de mèche avec l’Allemagne de l’Ouest, venant grossir les rangs de ceux qui désiraient partir. Le Mur était une réponse désespérée à ce véritable cercle vicieux. De façon peut-être surprenante, pendant des années il a permis de grands progrès et même fut une source de satisfaction accrue de la part de tous ceux qui étaient les moins directement concernés.
Vers la fin, ces tendances souvent contradictoires ont subi les conséquences de la lutte de la RDA pour ne pas être trop à la traîne dans la révolution électronique transformant les économies capitalistes avancées. Mais avec aucune aide même de la part de ses alliés Soviétique ou de l’Est, et exclue de l’essentiel du développement occidental, elle a été contrainte d’investir des milliards dans une vaine compétition avec Sony ou IBM, ainsi que dans un gigantesque programme de logement et dans son appareil militaire de défense. En fin de compte, cela s’est avéré trop pour elle.
Juste avant que le Mur ne soit construit, les flots de ceux qui partaient, craignant que ce ne soit leur derrière chance, ont menacé la RDA d’écroulement. Le gouvernement ouest-allemand, depuis Bonn, était à l’affût d’une telle opportunité. Mais toute étincelle dans cette situation tendue pouvait mener facilement au conflit ; avec les forces américaines et Soviétiques possédant l’arme atomique, que les événements prennent une tournure catastrophique était tout sauf une idée fantaisiste. On cite parfois le président Kennedy affirmant que le Mur « n’est pas une bonne solution mais que c’est mille fois mieux que la guerre ».
Mais pourquoi est-ce que lorsque les anniversaires offrent l’occasion de gloser sur les défauts et les erreurs de l’ancienne RDA, comme le Mur, ceux-ci ne sont ni oubliés ni pardonnés, mais au contraire on les rappelle en martelant le cerveau des gens sans cesse, chaque jour et chaque soir ?
Pour moi, la réponse me paraît évidente. Avec la RDA hors-jeu, les dirigeants d’une République fédérale élargie n’avaient plus besoin de services sociaux et de niveaux de vie suffisamment attractifs pour soutenir la comparaison avec la RDA. Les 21 dernières années ont vu une dégradation constante. Les soins médicaux et dentaires sont de plus en plus chers, payer l’éducation des enfants est une lutte permanente, l’âge de départ à la retraite a été relevé à 67 ans, la TVA et les loyers ont connu une escalade alarmante.
Alors que l’Allemagne connaît un peu moins le chômage que la plupart des pays, grâce à sa position dominante dans l’exportation de biens à haute valeur ajoutée, de plus en plus de gens sont contraints à des emplois précaires, temporaires et payés une misère. Un sentiment de sécurité, conditionnant des décisions sur le mariage, les enfants, le logement entre autres, est quelque chose de rare. Le patronat n’a plus à craindre la moindre compétition avec la RDA. Et cette absence d’une RDA concurrente, faisant constamment l’éloge de la paix, a permis à l’Allemagne d’envoyer des troupes, des navires et des avions de guerre en Serbie, au Liban et en Afghanistan.
La situation pourrie actuellement pousse les gens à se souvenir des meilleurs aspects de la RDA, en particulier dans les domaines du contrôle des loyers, de la garde d’enfants, des soins médicaux et dentaires et surtout de la sécurité de l’emploi et concernant son avenir. Avec l’économie actuelle confrontée à des évolutions inquiétantes dans les années à venir, les dirigeants économiques et politiques craignent de telles conceptions dangereuses. Et cela explique leur message constant, une déformation selon laquelle la RDA n’était que le Mur et rien d’autre, ce socialisme abominable n’était pas seulement un échec, il était aussi mauvais, peut-être même pire, que la dictature fasciste d’Hitler. Et c’est ce qu’on nous sert en Allemagne tous les jours, puissance trois ou quatre pendant les périodes de commémoration.

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