Un cadeau de quarante cinq mille milliards de dollars au business vert !

Un sommet mondial, comparable au grandiose sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992, est prévu dans la même ville en 2012, sur proposition du gouvernement Brésilien, vivement soutenue par l’Union Européenne. Il est prévu d’y consacrer définitivement l’exigence d’une économie résolument verte qui sera imposée aux nations par une gouvernance mondiale détenant des pouvoirs supranationaux dans tout le domaine du développement durable.
Le document du PNUE confirme ce rendez-vous de Rio, et, après avoir mentionné que l’Agence Internationale pour l’Energie prévoit une augmentation de +130% des émissions de CO2 d’ici 2050, affirme qu’il faut au contraire les réduire de 50% à 85% de leur volume actuel, soit les abaisser à cinq à quinze fois moins que la croissance économique prévue l’exigerait. Pour obtenir ce résultat, il faut investir, dans ce seul but, 45 mille milliards de dollars (vous avez bien lu, $45.000.000.000.000), au rythme de mille milliards de dollars par an. Il ajoute que cet effort sera créateur de 20 millions d’emplois (ce qui représente la bagatelle de 2,25 millions de dollars à dépenser par emploi créé !). Ces hypothétiques 20 millions d’emplois ne représentent guère que 0,5 % de la main d’œuvre mondiale, et sont, à l’évidence, considérablement inférieurs en nombre aux destructions d’emploi à attendre d’une division par 5 à 15 des activités liées aux énergies fossiles !
Le texte du PNUE ajoute que ces mille milliards annuels se répartiront entre dépense publique et investissement privé. Rappelons que ces sommes ne seront versées que par les seuls pays développés, au nombre de 38. Une partie ira alimenter un fonds aux mains d’une organisation internationale que l’ONU souhaiterait être elle-même. C’est là une constante depuis Kyoto, confirmée à Bali et tout au long du débat stérile qui a conduit à Copenhague. Mille milliards, c’est encore une ponction d’environ 2000 dollars par an sur chaque foyer d’Europe, des USA, du Canada, du Japon, d’Australie et de Nouvelle Zélande.
L’essentiel de ces 45 mille milliards doit aller aux pays en développement, qui ne peuvent accéder à un développement vert par leurs propres moyens. C’est la même rengaine qu’on récite depuis Kyoto !

De l’économie de marché à l’économie planifiée.

Pour atteindre ce résultat, le PNUE propose de commencer par « la mise en œuvre d’un cadre de dix années de programmes portant sur les productions et les consommations soutenables » (page 4, alinea 15 du document). Il s’agit donc de planifier à la fois ce qui sera produit, et ce qui sera offert à la consommation. Les russes ont connu cela de 1917 à 1992, et les pays d’Europe de l’Est également au cours des 45 années qui ont suivi la seconde guerre mondiale.
Si nous rapprochons ce texte des informations que j’ai rapportées dans mon dernier article sur l’Organisation Mondiale de l’Environnement, et de tout ce que j’ai écrit sur l’histoire de la gouvernance mondiale dans le livre « la Servitude Climatique », nous constatons que l’ONU veut que le processus entamé avec la création du GIEC en 1988 et les accords conclus au Sommet de la Terre de Rio en 1992 parvienne à son terme dans les deux années qui viennent. Le temps joue maintenant contre les champions de la gouvernance globale et du Nouvel Ordre Mondial. Le Climategate et la mascarade de Copenhague ont ouvert les yeux à une bonne partie des populations occidentales.
Rappelons quelques faits. Le GIEC a été créé à l’initiative du G7 de Toronto (1988), sur les recommandations de la Commission Brundtland qui comprenait de nombreux membres du Club de Rome. Les accords de Rio (1992) ont été pensés et mis en forme au sein de la Commission Trilatérale (voir le chapitre 1 de La Servitude Climatique). Ainsi de fortes pressions venues de réseaux où se retrouvent de richissimes personnalités privées, des pontes de la banque et des affaires et des stars de la politique conduisent des gouvernements à promouvoir ce plan de gouvernance mondiale, quand bien même s’exécuterait-il en créant des dommages sévères aux économies des pays qu’ils dirigent. Cela parait invraisemblable, absurde, et pourtant, on doit se rendre à l’évidence. L’ONU et ces réseaux puissants ont des alliés à la tête même d’Etats parmi les plus importants. Comment l’expliquer ?

Un nouveau paradigme géopolitique.

La partie qui se joue aujourd’hui n’oppose pas les nations entre elles. Le jeu diplomatique a bien changé au cours des vingt dernières années. En fait, une élite autoproclamée s’est constituée. Elle a fait sienne une citation qu’on prête à David Rockefeller lors d’une assemblée de la Trilatérale, en 1991 : « La souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et de banquiers mondiaux est surement préférable à l’autodétermination nationale pratiquée aux siècles passés ». Cette élite manifeste une défiance méprisante vis-à-vis de la démocratie. C’est explicite dans « The First Global Revolution », le livre qu’ont tiré Le Président Alexander King et le secrétaire général Bertrand Schneider d’une séance à huis clos de 1991. Considérons ce passages, page 105 de la traduction française parue chez Calmann-Lévy sous le titre « Questions de Survie » :
« La démocratie n'est pas une panacée. Elle ne peut pas tout organiser, et elle ne connaît pas ses propres limites. Il faut regarder ces faits en face, pour sacrilège que cette injonction puisse paraître.Telle qu'on la pratique aujourd'hui, la démocratie n'est plus adaptée aux tâches qui nous attendent. La complexité et la nature technique de beaucoup de problèmes d'aujourd'hui ne permettent pas toujours à des représentants élus de prendre une décision compétente au bon moment. Parmi les hommes politiques au pouvoir, peu sont suffisamment avertis du caractère mondial des problèmes à régler et très peu, sinon aucun, sont conscients des interactions entre ces problèmes ».
L’Elite est composée de grandes familles ayant hérité de leurs aïeux des fortunes colossales, de membres de monarchies européennes, de magnats nouvellement enrichis, de personnages cooptés par cette élite à la tête de grandes banques et groupes d’affaires, d’anciens chefs d’Etat et de personnalités encore au pouvoir. Cette élite a fait sienne les thèses développées par le Club de Rome, la Trilatérale, et autres regroupements de hautes personnalités. Ou plutôt, elle a suscitée la formation de ces groupes et leurs réflexions. Manifestement, cette élite a peur de l’évolution qu’elle constate au sein de l’humanité. Il y a d’abord le nombre, une population qui est passée de deux à sept milliards d’individus en soixante ans. Il s’y ajoute la peur de la culture et du savoir qui se développe au sein de ces populations. Il faut lire le rapport écrit pour la Commission Trilatérale par Michel Crozier, Huttington et Watanuki en 1975, intitulé « The Crisis of Democracies ». Les auteurs y présentent l’émergence d’une classe moyenne largement composée d’intellectuels comme un danger, car elle tend à s’opposer aux gouvernants dans leurs volonté réformatrice.
Comment obtenir l’adhésion de ces masses auxquelles la démocratie et la culture a donné un pouvoir jugé excessif ? Un autre passage de « Question de Survie » y répond, page 109:
« ''A la recherche d’un nouvel ennemi qui nous ferait nous unir contre lui, nous en sommes venus à penser que la pollution, la menace du réchauffement de la terre, la pénurie d’eau, la famine et le reste étaient de bons candidats. Tous ces dangers sont provoqués par l’action de l’homme, et ne seront surmontés que s’il modifie sa mentalité et son comportement. Le véritable ennemi, au fond, c’est l’humanité elle-même ».
Ennemi de qui ? De « nous », à l’évidence, penseurs du Club de Rome, élite pensante parmi l’élite des puissants. Croient-elle vraiment que le réchauffement de la terre est une véritable menace ? Certaines déclarations de ses membres en font douter, et on se référera aux sept citations qui figurent au début du chapitre 3 de mon livre, page 158 et 159, et dont j’extrais cette phrase fort explicite de Timothy Wirth, l’homme placé à la présidence de la Fondation des Nations Unies par Ted Turner, Maurice Strong et Al Gore :
« Nous devons conduire cette affaire de réchauffement global. Même si la théorie du réchauffement global est fausse, nous allons faire ce qu’il convient en termes de politique économique et environnementale ''».
L’élite n’est animée par aucun patriotisme. Elle se sent internationale, « globale », et d’ailleurs ses intérêts se situent dans les divers pays du monde. Le nombre de ses membres est infime, si on le compare à celui de la population mondiale. Mais les richesses qu’elle possède en propre ou qu’elle contrôle par les entreprises et les groupes qu’elle dirige sont importantes. Cette richesse lui donne un grand pouvoir qu’elle souhaite conforter. Ce n’est pas un problème que d’affaiblir les économies occidentales, où se trouvent la masse des classes moyennes cultivées qu’elle redoute et les démocraties les plus avancées qui donnent trop de pouvoir politique à leurs populations. L’élite est largement gagnante si, au déclin de l’Occident répond le développement accéléré de pays émergeants où ils placent massivement leurs intérêts, contrôlent des gouvernements plus ou moins dictatoriaux et corrompus, et peuvent compter sur une masse considérable de main d’œuvre peu payée et socialement peu protégée.
Cette élite d’autre part n’aime guère exposer ses intérêts aux aléas du marché. La connivence avec les politiciens, et notamment ceux qui ont un rôle décisionnaire, lui permet de diminuer considérablement les risques, en les mettant à la source de l’information et en leur offrant la possibilité d’influer sur les décisions et de corrompre des responsables clé dans la prise de décision.

Un despotisme de type féodal.

Ainsi, la géopolitique d’aujourd’hui est moins le théâtre des jeux des nations que celui d’une classe influente très peu nombreuse, - que je compare souvent aux féodaux d’autrefois -, mais qui dispose de maints comparses et alliés. Cette féodalité s’oppose au reste de l’humanité qui est minée par son hétérogénéité, son absence de vision globale, son manque d’information, la perte de repères traditionnels qu’elle trouvait dans la religion ou l’esprit de solidarité nationale. Cette humanité, constituée en peuples et en nations, se divise en trois grands groupes. Les peuples occidentaux (en gros l’OCDE moins le Mexique, le Chili, la Corée du Sud et la Turquie), les pays émergeants aux populations autrefois misérables et peu évoluées, qui ont acquis une puissance industrielle considérable et voient le niveau culturel et matériel d’une partie de leur population s’élever, et enfin les pays dont l’économie stagne à un très faible niveau et où le savoir de se répand guère.
L’Elite du Nouvel Ordre Mondial cherche à contrôler le pouvoir par ses commis dans les pays occidentaux et à la tête des grandes organisations internationales. Son choix de s’appuyer sur une stratégie de la menace environnementale lui apporte le soutien des écologistes. Vis-à-vis des deux autres groupes de pays, elle use de l’aubaine que constitue la perspective de recevoir des flux considérables de capitaux venant des pays riches. Cette perspective intéresse aussi bien les populations des pays pauvres qui y voient un précieux complément de revenus et d’activité, que nombre de leurs gouvernants qui y trouvent des sources d’enrichissement personnel. Reste le groupe des pays émergeants où le Nouvel Ordre Mondial a bien du mal à faire valoir ses théories, mais qui les considèrent quand même dans la mesure où ils s’en servent pour saper les acquis des occidentaux et leur prendre une part de leur patrimoine. Dans ce jeu planétaire, l’Elite, qui, rappelons le, place beaucoup de ses intérêts dans ces pays émergeants, est prête aux concessions nécessaires pour que son rêve se réalise.
Il est certain que si le Nouvel Ordre Mondial parvient à imposer une gouvernance globale inspirée par l’Elite et s’exerçant dans le cadre de l’ONU, et si en même temps il parvenait à restructurer toute l’économie autour des activités vertes, soumises et planifiées par cette gouvernance, il créerait un système dans lequel la démocratie cesserait d’être, et assurerait à l’Elite un champ non délimité pour consolider sa domination. La stratégie de la menace aurait fait son œuvre et les techniques de persuasions pourraient laisser la place à la seule coercition. Il faut redouter qu’arrive l’ère de l’arbitraire, où le droit serait sacrifié au bénéfice de règlementations imposées par la puissance dominante. Aucun contrôle ne s’exercerait plus sur le pouvoir global.
On voit mal des pays tels que la Chine, l’Inde et les pays d’Islam entrer dans un tel système. Mais la réussite de ce plan au sein d’un rassemblement de l’Europe, de l’Amérique du Nord, du Japon, de l’Australie et de la Nouvelle Zélande n’est pas à exclure. Face à une telle coalition, dominée par un pouvoir quasi dictatorial, comment ne pas craindre l’affrontement avec un bloc réunissant les pays émergeants et la Nation arabe ? C’est une éventualité plausible. Une autre hypothèse serait l’échec de ce rassemblement, par suite de marasme économique occidental, générateur de troubles graves et d’affrontements internes, suivi de la domination économique, puis géopolitique, des pays émergeants. Nous nous trouvons en fait dans une situation géopolitique inédite dans laquelle il est hasardeux de faire de la politique fiction. La finance verte s’est installée aux commandes.
Pourquoi en sommes nous arrivés à une telle situation ? La surenchère des partisans de l’Organisation mondiale de l’Environnement et du PNUE, qui, après avoir subi la grave déconvenue de Copenhague, veut rebondir sur un projet bien plus ambitieux que celui affiché jusqu’alors peut paraître insensée. Mais il faut considérer tout ce que ceux-ci ont misé jusqu’ici sur l’avènement tranquille d’une économie verte dont ils entendaient tirer d’immenses profits, et qui semble aujourd’hui plus que compromis.
La création d’un système mondial de « cap and trade carbone » leur promettait des volumes de transactions se chiffrant par trillions de dollars. Copenhague et les perspectives, décevantes pour eux, du projet de loi Waxman Markey semblent sonner le glas de cet espoir. La filière des agro-carburants est en plein marasme, les panneaux photovoltaïques, produits en surnombre, se vendent mal, malgré les incitations financières multiples, et leurs fabricants occidentaux ont perdu toute compétitivité vis-à-vis des producteurs chinois, la séquestration du carbone n’intéresse guère les producteurs d’électricité…
Surtout, la crise économique qui sévit et l’endettement généralisé des pays occidentaux ne permettront plus de continuer longtemps les politiques d’aides financières publiques massives à ces activités. Enfin, la fronde s’élève partout, au sein des professions menacées par cette folie verte, tant chez les industriels que chez les salariés. Bref, le rêve de ceux qui ont misé sur le vert à outrance se brise devant les réalités du marché et les lois de l’économie. Alors, ils jouent leur va-tout. Abolissons l’économie de marché au nom de la sauvegarde de la planète.
L’imbrication de la géopolitique et d'un certain monde des affaires est particulièrement évidente dans l’existence de l’UNEPFI, The United Nations Environment Programme Finance Initiative , partenariat officiel conclu entre les Nations Unies (le PNUE) et le secteur financier global, représenté par 180 banques, compagnies d’assurance et institutions financières diverses. On peut en consulter la liste sur le site de l’UNEPFI. Les engagements réciproques des institutions financières et des Nations Unies sont précisées dans un document officiel de mai 1997 . L’ONU subit ainsi une double influence, celle des banques et de la finance internationale par ce canal, et celle des écologistes par les ambassades des ONG environnementales qui œuvrent au sein du PNUE et du Conseil Economique et Social des Nations Unies. C’est dans cette structure, à laquelle il faut ajouter la Fondation des Nations Unies contrôlée par Ted Turner, Maurice Strong et le collaborateur d’Al Gore, Timothy Wirth, qu’on peut trouver l’ossature de gouvernance mondiale qui s’exercerait après 2012. Ainsi la structure souhaitée par David Rockefeller d’un gouvernement par une élite intellectuelle et des banquiers mondiaux est déjà en place.
Pour terminer sur un ton moins pessimiste, je veux dire que tout cela m’inquiète mais ne me décourage pas, car je pense que tous ceux que j’incrimine surestiment leur capacité d’influence. La démarche entamée par le PNUE et ses partenaires de l’ombre devrait connaître, en 2012, le même échec cuisant que celle entamée à Bali et qui devait nous mener à un accord contraignant à Copenhague. Mais que de temps perdu, que d’occasions dilapidées, que de saccages créés à notre économie par ces errements dont sont pleinement responsables ceux que nous avons placés au pouvoir. J’ai peur que les dérives occasionnées par la folie verte n’aient déjà causé des dommages dont nous aurons à souffrir longtemps, qu’ils aient détourné l’action publique de la résolution de questions bien plus cruciales. Quand à notre malheureuse Europe, elle est engagée, seule au monde, dans un processus qui prévoit des taxes carbone, des paquets énergie climat qui n’ont pas leur équivalent ailleurs. Il est encore possible de stopper tout cela. Mais il reste peu de temps. 2012, c’est dans trois mois


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